Sujet de l’année 2025/2026 : La main, le corps, le faire

Qu’il soit valide ou en situation de handicap, l’artiste crée, pense et ressent avec son corps, le plus souvent avec ses mains. Quel que soit son médium et quel que soit les entraves motrices ou psychiques, elle ou il touche, trace, modèle, sculpte la matière en faisant usage d’organes qui sont tant sensoriels que productifs, et qui sont l’instrument premier de son activité. Comme l’écrit Henri Focillon en parlant des mains, elles sont presque des êtres animés. « Servantes ? Peut-être. Mais douées d’un génie énergique et libre, d’une physionomie ». Comme le montrent les neurosciences, les organes corporels prennent dans le moment créatif une telle autonomie qu’ils semblent entraîner la pensée par leur action motrice. Or désigner les mains ou le corps, comme l’« outil », ou comme des « servantes » de l’artifex, c’est déjà les subordonner à l’œil et à l’esprit. Priorité de l’intellect sur le manuel qui nous vient d’une tradition de pensée, du néoplatonisme au modernisme, séparant l’idée de sa réalisation et justifiant ainsi la supériorité de l’art sur l’artisanat.

Comment dès lors surmonter cette division du travail artistique qui rejette le « faire » au second plan de l’activité artistique ?

Comment retracer l’histoire de l’activité manuelle à l’heure des algorithmes génératifs, alors que le discours sur l’art se concentre davantage sur la pensée de l’image que sur le « faire » ? Et qu’est-ce que l’expérience du handicap nous apprend sur la création artistique ?

L’anthropologie qui explore depuis longtemps les frontières entre l’humain et le non-humain nous y aidera. Le cours de cette année sera donc consacré à une étude des organes productifs et sensoriels dans l’art, se fondera sur des œuvres variées allant de la préhistoire à nos jours et sur quelques textes majeurs de la théorie de l’art.

Le calendrier : 
1er semestre : 1^er octobre au 17 décembre 2025

2e semestre : 21 janvier au 08 avril 2026

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